Victoria Woodhull

Mais qui est donc Victoria Woodhull , cette femme qui, au milieu du 19 ème siècle s’est extirpée de son milieu social avec un courage et une audace inouïs, a enflammé Wall Street en devenant la première femme Trader et parachevé son irrésistible ascension en devenant la première femme  candidate aux élections présidentielles américaines ?

Les deux auteurs de la bande dessinée « Les scandaleuses » nous décryptent la vie rocambolesque de Victoria Woodhull et nous en disent un peu plus sur leur dernier album. 

Comment avez-vous eu l’idée de réaliser une bande dessinée sur Victoria Woodhull ?  

Je travaillais sur un scénario antérieur, pour lequel je devais vérifier quelques faits historiques, sur les femmes et le pouvoir aux Etats -Unis. C’est durant ces recherches que j’ai rencontré Victoria Woodhull, une femme qui avait été candidate aux élections américaines en 1872 !
Très intrigué, j’ai entrepris des recherches à son sujet en parallèle du scénario sur lequel je travaillais.

Guillaume Main (Scénariste)
Mais qui est vraiment Victoria Woodhull ? 

GM: Si vous voulez vraiment le savoir, il vous suffit de vous plonger dans l’album (rires). 

Victoria Woodhull est un personnage extrêmement intéressant, car elle ne dispose pas des caractéristiques d’une « Wonder Woman » mais plutôt d’une «  Self made Woman » . Elle vient même d’une famille illettrée qui vit de petits larcins en pleine Amérique profonde, machiste et puritaine. Nous sommes à la moitié du 19ème siècle ! Au fil de ses rencontres Victoria Woodhull va réussir à s’extirper de sa condition. Femme au caractère bien trempé, elle va peu à peu s’accommoder des bonnes mœurs et comprendre les codes du monde qui l’entoure. C’était une femme audacieuse, boulimique de travail et dotée d’une une ambition monumentale. 

Quelle est motivation principale de Victoria Woodhull et où puise-t-elle sa force ? 

GM : Victoria venant d’un milieu défavorisé a sans doute très vite rêvé de changer de condition. En épousant son premier époux qu’elle croit médecin, sans doute a- t- elle cru intégrer la bourgeoisie. Je pense qu’à ce moment sa désillusion a été énorme et qu’elle s’est rendue compte qu’il fallait qu’elle compte sur elle –même.

Dans sa famille elle était habituée à jouer la comédie et user d’ingéniosité pour berner les clients, elle s’est servie des mêmes clés mais à un autre niveau pour obtenir ce qu’elle voulait et défendre les causes qui lui tenaient à cœur, comme le féminisme et la cause des noirs. Je pense qu’elle n’avait pas beaucoup de considération pour les hommes qui l’entouraient, son père lâche et opportuniste, son premier époux faible et menteur. Elle s’est servie de son clan et des hommes qu’elle a rencontré par la suite pour arriver à ses fins. Il y a aussi le rôle joué par sa sœur Tennessee dont elle était très proche et qui a été son alliée. A elles deux, leur notoriété grandissant elles ont eu envie de repousser les limites et défier les puissants.

Comment avez-vous envisagé de dessiner Victoria Woodhull ? 

Di Amorim (destinateur): Le personnage de Victoria a été paradoxalement le personnage le plus naturel à dessiner. Dès que Guillaume ma évoqué son intérêt pour « Les scandaleuses », j’ai tout de suite imaginé une femme au fort caractère avec  un charisme hors pair , une sorte de mélange de Angela Merkel et de Marilyn Monroe. (rire)

C’est la première fois que vous réalisez un album qui s’inspire d’un biopic et qui se déroule au 19ème siècle, est-ce que ça a été plus compliqué pour vous ?

DA: Oui très clairement, c’est le genre de projet où tu te demandes pourquoi tu as accepté (rire). 

Non plus sérieusement j’ai trouvé le projet très ambitieux et très intéressant. Mais effectivement, n’étant pas très familier de ce siècle, j’ai dû me plonger dans de longues recherches vestimentaires, architecturales et m’intéresser à la posture et au look des personnages. Ça été clairement mon projet le plus fastidieux, mais je peux vous dire que j’en suis sorti grandi ! 

Qu’avez-vous aimé dessiner dans cet album  ? 

DA: Sans hésiter,  je dirais l’entourage de Victoria Woodhull ! Il y’a une telle palette de personnages tous plus fantasques les uns que des autres, c’était très inspirant ! Et le pire, c’est que tous ces personnages ont réellement existés, comme quoi des histoires vraies dépassent l’imagination !